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Merveille n°10 : Félix Radu

Je vous partage cette semaine quelques-unes des chroniques de Félix Radu !

Vous pourrez faire le plein de poésie chaque matin.

Trois minutes d'écoute par jour jusqu’à la prochaine merveille :-)

Au programme :

  • Mes mots préférés

  • L’amour, le temps d’un café

  • Lettre à l’enfant que je n’ai pas encore

  • Lettre à mon père

  • Garder les yeux fermés

  • Alors je ferai ce qu’il faudra

  • Lève les yeux

  • Allez viens


MES MOTS PRÉFÉRES

Félix nous partage les mots et expressions qui lui plaisent le plus.

Ces trois-là sont mes favoris parmi ceux qu'il cite :

Tu me manques”. Ce que je croyais être ma vie n’était que l’attente de ton arrivée, et ce que je nommais solitude portait en réalité le nom de ton absence.

“Penser”. On se remplit la panse dans les dîners, et tout comme l’estomac, l’esprit doit se nourrir. J’aime les gens qui, à trop vouloir penser, dévorent trop de livres, trop de films ou de musiques. Ils ont l’âme qui débordent des yeux. On dirait que leur coeur cherche encore à grignoter, c’est ce que j’appelle, moi, la curiosité.

Passion”. Beaucoup la confonde avec “passe-temps”, mais en réalité, ce mot vient du latin et signifie “douleur”. Quand je dis “C’est ma passion”, je dis : “C’est ce qui me brûle. C’est cela qui me tue. Ça m’habite, et ça m’obstine. Je meurs sur le champs si je refuse de m’y résoudre.”

La passion, je l’abandonne, elle me retrouve sur le pallier. Ce n’est pas un plaisir, c’est un besoin, comme de manger. Et si je souffre de la faire, je mourrai de l’arrêter. Rilke écrivait d’ailleurs : “C’est de l”art si ça vient d’une nécessité”.


L'AMOUR LE TEMPS D'UN CAFÉ

Félix nous raconte l'amour qu'il ressent pour cette femme assise en face de lui dans ce café :

“Tes sourires discutent avec mes silences. Je les sens trembler dans ma voix. Pas longtemps… Mais en amour, c’est bien suffisant pour mourir une bonne centaine de fois.”

“En fait je crois que tu me rends fou. J’ai renversé mon coeur, ça déborde de partout, je comprends plus rien à ressentiments. Je suis heureux du coude, je désespère des genoux, et mon bide est amoureux de toi. Il ne veut plus rien graille et à l’inverse, je te dévore des yeux. Et le pire c’est que ça me rend heureux.”


LETTRE À L'ENFANT QUE JE N'AI PAS ENCORE

Félix se lance le joli défi d’écrire une lettre à son futur enfant :

“D’ailleurs profites-en pour lire Musset, Hugo, Shakespeare, pour écouter Brel, Barbara, Mozart, ce sont des gens qui comme nous rataient la vie, mais qui, armés de courage et de tendresse, ont fait du désastre de leur existence la plus magnifique des aventures.”

“La vie est une expérience terrible ! Le monde est injuste, froid et silencieux ! C’est comme ça. Je t’ai embarqué dans une sorte de sacré bordel (et t’as le droit de m’en vouloir) mais ne cède jamais aux refuges de la pensée, apprivoise tes vertiges, garde tes néants précieusement dans le creux de ton estomac. Reste insatisfait. Révolte toi sans cesse. Invente. Casse. Déchire. Arrache. Fais surgir du ciel silencieux l’éclat de ta propre voix.”

“Je connais pas encore ta maman. Mais dis-lui que je l’aime, que je l’embrasse tendrement, et que j’ai vraiment très très hâte de la rencontrer.”


LETTRE À MON PÈRE

Félix écrit une lettre à son père lorsque celui-ci avait son âge :

“Je me suis souvent demander à quoi tu ressembles. Qu’est-ce que tu portes, que genre de musique tu écoutes, comment tu imagines ta vie. Quels sont les plans que tu as tracés qui finiront par finalement dévier jusqu’à moi.”

“Je t’aime papa. Essaie aussi de temps en temps. J’ai hâte que tu me rencontres, de dormir sur ton torse, d’apprendre le vélo, d’essayer tes costumes, de voler tes chemises, de t’appeler pour te demander des conseils de dragues (de te trouver extrêmement ringard), de te raconter mes premières fois et que tu me prennes dans tes bras, qu’on débatte sur des livres que t’as même pas lu, et qu’un jour, je te vois t’assoir pour la première fois dans ma salle de spectacle.”


GARDER LES YEUX FERMÉS

Félix nous propose de fermer les yeux. Il nous ramène à ce qui se passe en nous. À notre intériorité. À notre relation à nous-mêmes.

“Se battre avec soi. Se couvrir de bleus invisibles, jusqu’à retrouver l’immobilité de sa solitude. Et quand le coeur gronde, se réfugier. Dans les bras d’un ami, dans l’ivresse d’un bar, dans la douceur d’un drap.”

“Vagabonder dans les rues. Promener son chagrin. Tirer sur la laisse. Ronger son collier. Être pour soi comme un animal sauvage. C’est ça, devenir un renard pour soi. Et décider un jour de s’apprivoiser. Pas à pas.”

“Baiser les armes, se prendre dans les bras et se pardonner. Enfin, se pardonner d’être soi, de n’être que ou pas assez. D’avoir fui, de s’être abandonné et d’avoir été abandonné.”


ALORS JE FERAI CE QU'IL FAUDRA

Et si on listait ce qu’il faudrait faire pour exister ?

Arpenter le monde. Apprendre ces reliefs et ses profondeurs. Le dévorer d’une insatiable faim et l’aimer pour ce qu’il est, ce qu’il n’est pas, et ce qu’il devrait être.

Apprendre les règles de l’univers et s’employer tout entier à les contourner sans cesse. Déployer la plus terrible des forces à lui désobéir. Et le forcer à faire naître des étoiles nouvelles.

Faire que nos coeurs fassent surgir du silence le bruit. Que nos âmes brûlent et se consument à des brasiers imaginaires.

Résister à la résignation. Frapper de nos mains la terre qui nous a vu naître, comme elle frappe dans nos poitrines.

Graver dans le sable l’infime part de nos existences. Bâtir nos châteaux de cartes dans la tempête. Et comme il nous ait interdit de fixer le soleil, mémoriser par coeur les ombres qu’il dessine.

Apprivoiser le ciel. Dompter les astres. Être aveugler par l’espoir du miracle. Et espérer que cela nous sauve.


LÈVE LES YEUX

“Lève les yeux” est pour moi un texte capable de relever n’importe qui.

À écouter, à réécouter, à apprendre, à déclamer, à crier, dès que vous le sentez.

“J’EMMERDE LE MONDE ET SA FATALITÉ. JE LE BOUFFE. JE LE COGNE. JE LE FERAI TREMBLER, ET PUIS J’AIMERAI. J’AIMERAI FORT MÊME SI ÇA BRÛLE. MÊME SI ON M’A DÉJA DÉCHIRÉ. MÊME SI DANS 150 ANS ON SE RAPELLERA PAS DE MOI PARCE QUE J’EN AI RIEN À FOUTRE.

JE VIVRAI COMME SI ÇA AVAIT DU SENS, PARCE QUE ÇA EN A UN. PARCE QU’UN JOUR QUELQU’UN AURA PLUS LA FORCE DE TRAINER SON PETIT BOUT D’UNIVERS. ET QUE JE VEUX ÊTRE LÀ, QUELQUE PART, DANS LE CIEL, DANS L’EAU, DANS L’AIR, POUR LUI DIRE RIEN N’EST GRAVE.

ALORS LÈVE LES YEUX.”



Et pour finir, LE PLUS BEAU TEXTE DU MOOOOONNNNDE :

ALLEZ VIENS

Incapable de choisir mes phrases préférées sur celui-là, je l’aurais recopié dans son entièreté.

Parce qu’il a bien raison notre petit Félix, IL EST L’HEURE DE S’ENNIVRER.


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