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Merveille n°17 : Time Out

Dernière mise à jour : 23 janv.




Imaginez que le temps soit vraiment de l’argent. Vous payez votre loyer, votre pain, votre café, en minutes, en heures, ou en jours de vie.


Tel est le fonctionnement de l’économie dans le film Time Out. On grandit jusqu’à 25 ans, puis l’on arrête de vieillir, et l’on vit selon nos revenus : au jour le jour dans les classes défavorisées (qui travaillent pour gagner 24h à la fois), et pour l’éternité dans les classes aisées (qui possèdent des milliers d’années sur leur compte).

 

Je trouve le concept de ce film extrêmement intéressant car il donne un poids immense à chaque dépense (prochaine fois que vous allez faire des courses, remplacez les euros par des heures de vies... cet achat en vaut-il la peine ?).

 

Time Out nous renvoie aussi à repenser notre gestion du temps. Si je devais gagner mes jours de vie, un par un, aurais-je le même comportement ? S’il ne me restait que 3h à vivre, que ferais-je ? Le poids de chaque décision, de chaque action est bouleversé.

 

Et à l’inverse, si j’avais l’éternité… Est-ce que je pourrais enfin arrêter de courir après le temps ? Pourrais-je souffler, ralentir, apprécier plus ? Comment occuperais-je mes journées ? Auraient-elles vraiment la même saveur ? En nous questionnant sur l’éternité, ce film redonne toute son importance à la mort. Mourir donne en effet tout son prix à nos jours : nos vies sur Terre prennent sens, car elles prennent fin.

 

Et vieillir alors ? Était-ce vraiment un fardeau ? Était-ce vraiment à fuir ? Il est extrêmement déroutant dans le film de ne voir que des individus âgés de 25 ans. On ne sait plus qui est le père, qui est le fils. La vieillesse de notre monde retrouve alors toute sa valeur. Le corps qui évolue au fil des jours, s’abîme, se fissure. Il révèle un peu de notre vécu, il reflète nos épreuves, il porte à jamais les signes de notre histoire.

 

En visionnant Time Out, on redonne son prix au temps qui passe… et l’on considère d’un nouvel œil le temps de vie qui nous est offert à la naissance. 80 ans en France, et 70 à l’échelle mondiale. (Pour ceux qui se poseraient la question, le pays avec la plus faible espérance de vie est la Sierra Leone, en Afrique de l’Ouest, avec 50 ans.)

 

Je me souviens avoir demandé à mon professeur d’histoire de l’économie :

“À quelle époque auriez-vous préféré vivre ?”

Il m’a répondu sans l’ombre d’une hésitation : “Aujourd’hui”.

 

Aujourd’hui ? Les guerres, les inégalités, le réchauffement climatique, l’intelligence artificielle… “Je sais Tess, mais je te réponds aujourd’hui tout de même”. Et sans ajouter d’explications supplémentaires, il m’a laissée avec ce graphique…



Time Out m’a fait un peu le même effet que cette petite réponse à l’intercours : une jolie claque. Il m’a rappelé ma chance : 80 ans de vie (si tout se passe bien) (on croise les doigts). Bon sang, je suis si riche ! Riche de jours à vivre. Mais est-ce que j'ai vraiment mérité tout ça ? Est-ce que cet enfant né hier en Sierra Leone n'aurait pas mérité la même chose ?


Ces questions d'inégalités sont de nombreuses fois soulevées dans le film. Au sein de l’intrigue, on assiste à une histoire d’amour naissante entre deux individus de classes totalement opposées. L’un pauvre, court partout ; l’autre, riche, vit lentement depuis toujours :


“Tu dois me détester pour ça, pour tout ce temps que j’ai à vivre”, dit l'un.

“Personne n’est responsable de là où il nait”, répond l'autre.


En guise de conclusion, je dirai que nous sommes nés où nous sommes nés, et que nous n'y sommes pour rien. Mais tâchons, de tout notre coeur, de mesurer notre chance... et de nous en rendre légitimes !


Belle semaine à tous :-)

(Il neige, c'est le moment de se faire un chocolat chaud et de regarder Time Out en famille.)


Tess



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